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À l’occasion de notre table ronde en ligne « Le numérique, un allié pour l’apprentissage des maths et des sciences ? », trois acteur·rices du secteur de l’éducation en Belgique francophone sont venu·es discuter avec nous de leurs expériences avec le numérique et des leçons qu’ils et elles en ont retenues.
Durant 1 heure, Virginie, technopédagogue et professeure de mathématiques, Jim, professeur responsable de l’agrégation en sciences physiques et Alain, technopédagogue et professeur de sciences, ont abordé de façon pratique l’apport des outils numériques dans les pédagogies, en particulier pour l’apprentissage des maths et des sciences.
Dans cet article, nous vous proposons de revenir sur les 5 grandes leçons partagées lors de cette table ronde.
Selon Jim, on peut définir un outil numérique comme « un dispositif qui permet de faire mieux apprendre et qui donne les mêmes chances à toutes et tous ». Toutefois, des dispositifs et des types d’outils numériques, il en existe une multitude : suites collaboratives, plateformes d’apprentissage en ligne…
Les outils disponibles actuellement présentent des apports variés, mais ont, selon nos intervenant·es, un point commun : en pédagogie, on les reconnaît à « [leur] capacité à faciliter l’autonomie des élèves et à permettre un feedback direct (en d’autres termes, un retour direct sur le travail réalisé). »
Alain, quant à lui, propose de faire la comparaison avec un exosquelette. L’outil numérique ne remplace pas l’enseignant·e, il est ce qui lui donne la possibilité d’améliorer ses capacités de professeur et qui permet ainsi « aux élèves d’apprendre plus facilement en s’adressant, par exemple, aux intelligences multiples ».
Personne ne peut espérer inclure le numérique dans sa pédagogie en improvisant. Mettre en place du numérique en classe nécessite une véritable implication et, selon nos intervenant·es, cela passe souvent par une démarche en équipe.
Sur le terrain, le recours aux outils numériques n’est pas encore la norme. Leur utilisation concrète est souvent accompagnée d’obstacles, qu’ils soient du côté technique ou relèvent d’un faible engagement du corps enseignant. Pour Alain, il est essentiel de faire ce travail en équipe pour se soutenir et mutualiser les compétences.
« Intégrer le numérique est un exercice chronophage, mais le temps qu'on perd d'abord on le regagne ensuite. »
L’intégration d’outils numériques dans la pédagogie est un projet qui nécessite une vision sur le long terme. Avant de se lancer, il est important de se poser les bonnes questions.
« On doit se poser la question de comment le numérique va accompagner notre pédagogie. »
Lors de cette table ronde, nos intervenant·es ont listé certaines questions à se poser pour bien se lancer :
Chaque projet est spécifique à un lieu et à une équipe d’enseignant·es, les réponses à ces questions vous sont donc propres. Comme le souligne Alain, « le numérique avec 4 tablettes pour une classe, cela n’est pas comparable à du numérique dans une classe avec 1 ordinateur par élève. »
« Le numérique permet de maintenir l’attention pour parcourir des connaissances et il garde les élèves plus motivés. », explique Virginie. Pour nos intervenant·es, le numérique donne les clés pour opérer une évolution chez les élèves, en leur offrant la possibilité de se challenger et de se dépasser. Il leur permet de changer de statut. Ils et elles deviennent actif·ves dans leur apprentissage.
« Amener le numérique à l'école, c'est permettre une classe un peu plus bruyante, où les enfants échangent, partagent leurs pensées, interagissent... »
L’un des avantages du numérique souvent mis en avant est son apport concret dans la mise en place de différenciation et de remédiation en classe. On peut par exemple proposer des exercices et des ressources différenciés selon le niveau de chaque élève.
On parle néanmoins plus rarement de la possibilité de mettre en place du travail asynchrone. Certains outils laissent la possibilité à l’élève de travailler quand il est le plus efficace pour de meilleurs résultats (ex. : élève chez lui et pas dans les perturbations de la classe).
Pour Virginie, il ne faut pas non plus oublier la dimension de ludification que peut apporter l’intégration d’un outil numérique : « Je vois mes élèves qui s’amusent à vouloir atteindre un score de 100 %. Ils et elles sont motivés à gagner. »
N’ayez surtout pas peur des outils numériques ! Alain rappelle : « Le numérique ne va pas nous remplacer, on restera toujours des pédagogues ». Tout comme il permet un changement de statut de l’élève, le numérique invite l’enseignant·e à changer de posture.
Pédagogie en groupe ou en individuel, apprentissage dans et hors de la salle de classe… Grâce aux outils numériques, l’enseignant·e peut être plus présent·e avec ses élèves. Pour Virginie, il n’est plus question de se sentir frustrée « de ne pas pouvoir être à côté de chaque élève pour pouvoir l’accompagner ».
On a pu le voir dans la leçon 2, l’intégration du numérique est une affaire d’équipe. Même si sa mise en place peut s’avérer chronophage, le numérique renforce également la collaboration entre enseignant·es. Partage des ressources numériques déjà conçues et formations entre pairs, le numérique en équipe permet à chacun·e de monter en compétence.
« Pour les élèves comme pour les profs, l'erreur est toujours intéressante si on la verbalise : on apprend de toutes les situations, ça fait partie du jeu. »
Pour conclure cet article, rien de mieux que ces mots de Jim qui vous incite à vous lancer, au cas où vous ne seriez pas encore convaincu·e.
Alors découvrez, testez et n’ayez pas peur de vous tromper, car le numérique, comme le dit Alain : « les jeunes en ont besoin ! »