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Alors que l’objectif du projet Européen « Digital Travellers » est de favoriser l’inclusion numérique à grande échelle par le biais des bibliothèques, la crise sanitaire a renforcé l’urgence éducative en la matière et la pertinence du projet. Mais, elle en a également chamboulé le déploiement. Les partenaires ont dû s’adapter aux circonstances et se réinventer. Retour sur le déroulement de cette expérience pour BSF Belgique, en charge de former les bibliothécaires à devenir des aidants numériques.
Faire des bibliothèques des lieux d’apprentissage et d’inclusion numérique
Si la situation actuelle nous a bien appris quelque chose, c’est que la fracture numérique mène à un isolement social, informatif et culturel. Selon moi, en tant qu’acteurs du service public et social, il est de notre devoir de tout faire pour réduire cette fracture.
Lindsay Merseman – bibliothécaire à Quiévrain
La fracture numérique fait partie de notre quotidien en bibliothèque. […] Et nous avons la nécessité de nous réinventer en cette période particulière… Nous devons trouver de nouvelles manières d’accompagner le public et donner un nouveau souffle à nos espaces inaccessibles depuis un an déjà.
Melissa Vasamuliet – bibliothécaire à Colfontaine
Partout dans le monde, le constat est le même : notre dépendance aux outils digitaux ne cesse de croître et un véritable fossé se creuse entre ceux qui ont les codes du numérique et ceux qui ne les ont pas. Afin de combler cette fracture, la stratégie adoptée par les Digital Travellers est de faire des bibliothèques des lieux d’apprentissage et d’inclusion numérique, de former les bibliothécaires à devenir des aidants numériques et de créer des ponts entre les aidants par-delà les frontières.
Soutenu par l’Union Européenne, le projet est porté de front par 6 partenaires européens, chacun ayant un rôle bien défini ; celui de BSF Belgique est de former les bibliothécaires à devenir des aidants numériques. Initialement prévues en présentiel, nos formations ont finalement lieu en ligne face aux circonstances sanitaires. En complément de ces formations, nous avons conçu une série de modules d’autoformation pour que chacun puisse avancer à son propre rythme. Ceux-ci se déclinent en 7 thèmes, orbitant autour du rôle de facilitateur et de l’accompagnement concret des publics vulnérables par l’organisation d’ateliers.
Former au numérique par le numérique : un challenge relevé par BSF et par les bibliothécaires participants
À ce jour, en Belgique, nous avons déjà emmené 34 bibliothécaires dans l’aventure, via 5 sessions live. Six autres sessions sont attendues en mars. Elles ont pour but de faire se rencontrer les bibliothécaires participants, de répondre à leurs questions sur les supports d’auto-formation reçus, de chercher des solutions ensemble face aux obstacles rencontrés et d’échanger de bonnes pratiques en petits groupes.
Les formations me permettent de travailler à mon rythme et sans que celles-ci soient une charge de travail supplémentaire à essayer de caser dans la journée. Cela me permet de ne pas stresser et me former quand je suis la plus réceptive. J’ai gagné surtout en confiance en moi-même et en mes capacités. Les choses sont plus claires et compréhensibles. Je retire beaucoup de satisfaction et je suis plus enclin à expliquer aux lecteurs comment faire quand ils ont une question relative au digital.
Jackie Godimus – bibliothécaire à Erquelinnes
Ces formations sont un bol d’air frais et des perspectives d’avenir. Des moments de réflexions sur comment faire vivre nos espaces en ces temps difficiles et toucher nos publics. Une cohésion de ressentis sur notre détresse et la certitude d’avoir sa place dans nos métiers. […] Le fait de ne pas se sentir seul est également très important pour rester motiver et retrouver un espoir pour l’avenir ainsi que la poursuite de nos activités.
Melissa Vasamuliet – bibliothécaure à Colfontaine
Une première rencontre entre bibliothécaires européens
Le partage d’expérience et l’émergence d’une communauté transnationale de bibliothécaires est également un aspect fondamental du projet. C’est pourquoi, notre partenaire en Finlande, la Finnish Library Association, organise des sessions ouvertes à l’ensemble des bibliothécaires des pays participants. Ils peuvent ainsi se rencontrer (à distance), voir ce qui se fait ailleurs et faire ressortir les bonnes pratiques par-delà les frontières. La première réunion de réseautage a eu lieu le 16 février dernier.
Lors de cette première rencontre internationale, nous avons pu constater que les bibliothécaires des différents pays représentés (Belgique, Pays-Bas, Pologne, Finlande) rencontrent les mêmes difficultés (par exemple : comment animer un atelier en ligne ? Comment dégager du temps ?). Ils partagent également la même passion de leur métier, le même souhait de le faire évoluer, ainsi que la même envie d’aider, de se sentir utiles. Mais malgré cette grande motivation, ils se trouvent souvent isolés et ont un peu peur de se lancer. Ce qui explique pourquoi ces moments de rencontres, de témoignages, d’échanges et de réseautage font tant de bien : on se sent moins seul, on peut s’encourager mutuellement et s’entraider, et on découvre que même les plus petites tentatives sont des réussites (tout le monde peut y arriver) !
Stéphanie Kleinen – chargée de formations pour le projet Digital Travellers au sein de BSF Belgique
Cela m’a rassuré de voir que nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes, notamment, comment toucher notre public cible (les personnes digitalement déconnectés). Constater que d’autres régions, voir d’autres pays, ont la même problématique est encourageant car ensemble l’on peut trouver des solutions !
Jackie Godimus – bibliothécaire à Erquelinnes
Une première rencontre entre bibliothécaires européens
En mars et avril, une série de rencontres virtuelles auront encore lieu pour les bibliothécaires afin de réfléchir concrètement à la mise en œuvre des ateliers que ces derniers organiseront avec leurs bénéficiaires en situation de fracture numérique. Entre février et juin, ces premiers ateliers commenceront, en ligne ou en présentiel, selon la situation sanitaire. Ensuite, il sera temps d’analyser ces expériences pour évaluer le projet, rassembler les bonnes pratiques et formuler des recommandations, avant d’en diffuser les résultats finaux en septembre et octobre prochain.